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Les évêques du Gévaudan


Guillaume VIº


Le premier évêque élu par les chrétiens Gabales fui, suivant de vagues indications, le disciple de St-Martial de Limoges, St-Séverin. Il devait être assez habile pour concilier l'union de l'église avec une administration encore effective et, malgré le despotisme romain, ériger édifices, oratoires et croix.


Ses successeurs, qui ont noms Saint-Firmin (314) et Génialis, cité comme "diacre de la cité du Gévaudan au concile d'Arles", siégeaient à Anderitum (Javols).


Sous l'invasion Vandale de 408, le castrum de Grèzes, résista alors que Javols était prise et rasée. Son évêque, St-Privat, s'enfuit au mont Mimat, poursuivi par Crocus, le chef barbare, qui le tua sur son refus d'intervenir pour obtenir la reddition de Grèzes. D'autres disent : "devant le refus du castrum de se rendre".


Son corps fut enseveli, dit-on, sur l'emplacement de la cathédrale de Mende. Les miracles s'y multipliant et attirant fidèles et habitants de Javols, Mimate (Mende) fut fondée autour du tombeau.


Les Wisigoths après les Vandales dévastèrent le Gévaudan. Eric, leur chef, nomma gouverneur Victorius qui chassa les évêques. Ils ne reparurent qu'à sa mort. En 484, on trouve, en Gévaudan, Valère, qui se signale par un hommage de fidélité au pape St-Léon. Puis, en 506, Léontinus délègue son diacre Optimus au concile d'Agde.


La victoire de Clovis, en 507, sur les Wisigoths, annexe le Gévaudan à l'Austrasie et St-Hilaire, vulgairement appelé Chéli, s'installe à Javols, qui renaît de ses cendres. St-Eventhe, qui lui succède se maintient à Javols et participe au concile d'Orléans, précédant l'irascible querelle de Palladius et de St-Grégoire de Tours qui voulait absorber le gouvernement du Gévaudan. Leurs violents démêlés se continuent et font assassiner Innocentius. St-Louvent est intronisé à la suite. Mais ce dernier est assassiné à son tour et Agricole, fuyant Javols, revient à Mende, en 625. Il assiste au concile de Reims avant de céder place à St-Ibère qui, en 630, bénit, comme sainte, l'abbesse du monastère de Ste-Enimie, sœur du roi Dagobert, dit la légende.


En 688, le Gévaudan revient à l'Aquitaine. Mende et Javols se disputent l'évêché, lorsque surgit l'invasion Sarrazine et il faudra attendre son écrasement à Moissac, par Charles-Martel, pour voir reparaître, à Mende, cette fois, St-Frézal, qui y est assassiné. Malgré ce crime, Agenufle s'y maintient et également son successeur, Guillaume I, qui modestement s'intitule « évêque de Mende », tandis que Etienne I, qui viendra après, prendra la dénomination d'évêque du Gévaudan.


En 998, grande liesse pour Langogne, l'évêque Mantfred pose la première pierre de son église.


En 1052, Aldebert de Peyre fonde le monastère de Chirac et en 1095, Guillaume II consacre l'église de St-Flour. A la suite, Robert, délaissant la mitre d'abbé de Chanteuges, prend le siège de Mende devançant Aldebert de Peyre II qui a l'honneur de voir commencer la construction de sa cathédrale et d'en poser la première pierre, mais trépasse la même année et laisse place à Guillaume III.


Inlassablement les évêques envient le pouvoir temporel du Gévaudan. Aldebert III du Tournel devait parvenir à arracher cet avantage en 1151. Il allait à Paris, prêtait serment de fidélité au roi Louis VII, qui, acceptant l'hommage, délivrait la fameuse charte de la "Bulle d'or", scellée du monarque. Elle valait attribution et qualification de comte du Gévaudan, en usurpation d'un titre détenu par le comté de Grèzes. Cette spoliation attirait violentes représailles et l'évêque, malgré sa précaution de faire encercler de murailles le bourg de Mende, était attaqué par son propre frère et par la noblesse du pays qui l'arrêtaient, en son château de Capieu, le jetaient en prison où il mourait.


En 1112, le Gévaudan passait sous la domination du roi d'Aragon, mais hommage ne devait lui être rendu qu'en 1204. Entre temps Guillaume IV de Peyre Etienne II et Odilon de Mercœur se disputaient l'évêché ; Etienne II, sacristain de Brioude, "homme de mérite mais dont la naissance était vicieuse" était élu par le chapitre de la cathédrale. Il était intronisé à la place de Guillaume IV, faute de n'avoir pu avoir le siège de Chartres où l'avait fait nommer l'évêque de Bourges. Odilon de Mercœur, quoique désigné par Rome, bon gré mal gré, devait attendre la vacance de l'épiscopat. Du reste, le prélat en place devenait fort populaire, en arrêtant les dévastations de récoltes des terres paysannes sur lesquelles s'octroyaient droit de chasse soldats et nobles et aussi pour les représailles exercées contre le baron de Randon qu'il avait soumis et lui brûlait 18 de ses châteaux.


Odilon de Mercœur, une fois en possession de l'évêché montrait équivalente fermeté en contraignant E. de Tournel à lui restituer le château de Capieu et en mettant en fuite de Randon qui tentait d'assiéger Mende.


Etienne III, venu en 1277, assistait au concile d'Orléans, avant de laisser place à Julien qui demeurait en même temps cardinal de St-Pierre-ès-Liens, de sorte qu'il ne tardait pas à remettre sa crosse à Guillaume IV Durant, auteur de l'acte de paréage avec le roi Philippe Le Bel, acte qui ne devait être réalisé que .par son successeur et neveu Guillaume V Durant, en 1296.

Jean-des-Arcis n'allait faire, en 1331, qu'un bref passage à Mende, il était nommé a Amiens et laissait sa suite à Aldebert de Loadet, puis à Pierre I d'Aigrefeuille, en 1357, et à Guillaume VII.


En 1361, Pierre II Gérard de la Rovère, neveu du pape Urbain V, évêque d'Uzès, transféré à Mende, était appelé à Avignon, laissant le diocèse à ses vicaires, sans titulaire jusqu'en 1371, date à laquelle prenait siège Guillaume VI de Chanac qui léguait sa suite à Bompar Virgile, lequel ne tardait pas à passer à Uzès, faisant place à Pons de la Garde. Il avait l'honneur de présider les Etats Généraux, en 1379, qui lancèrent un appel au roi pour qu'il chasse les Anglais.


Et le défilé rapide des Evêques continue. Jacques II d'Armagnac, en 1387, d'Auch Robert de Base, en 1390, Guillaume IX de Bois, en 1409, Pierre de Saluées, Géraud du Puy, en 1412, Jean III de Cordie, Rammufle de Pey-russi, Aldebert VI de Peyre de Marchastel, Gui de la Panouse, enfin Antoine de la Panouse, en 1467.


A ce moment les évêques eurent des démêlés avec les pouvoirs laïques. Le lieutenant du Sénéchal de Beaucaire, Lanalet, poussait ,les Mendois à établir un Consulat. Il avait même accordé une lettre patente, conférant à la ville Consulat et autonomie, mais Pierre IV Riario, neveu du pape Sixte IV, ainsi que son successeur lean IV Petit Dé, opposant les prérogatives du comté du Gévaudan, firent rétablir leurs droits en 1475. Julien II de la Rovère, autre neveu du pape précité, et Clément de la Rovère, neveu de ce dernier évêque, aussi bien que François de la Rovère, son frère, et enfin Guillaume Duprat, frère du chancelier de France, luttèrent pour la même cause et l'emportèrent, de sorte que Mende n'eut pas de Consul.


En 1504, la peste décimait le Gévaudan, aussi, après le décès de Jean de la Rochefoucauld, Charles I de Pisseteu, appelé à lui succéder, se démettait-il, en 1538, par crainte de la contagion.


Nicolas d'Anger, plus courageux, prenait la place et ne cessait d'intervenir auprès du roi, "pour qu'il détruise les forteresses huguenotes". Renard de Beaume, Adam de Heurtelou, Charles Rousseau, Maréchal de France, Daniel de la Mothe Duplessis-Haudancourt, suivaient identique impulsion.


S'il n'arriva pas à ses fins, ce dernier prélat eut, au moins, mérite d'améliorer la cathédrale de Mende et il s'occupa beaucoup de Langogne en raison d'incessantes querelles d'intérêts qui naissaient entre son clergé et le monastère Bénédictin. Il accordait une indulgence spéciale à la Vierge vénérée en cette ville et préparait le projet que devait réaliser son successeur, Sylvestre de Cussy de Marcillac de poser la première pierre du monastère des Capucins, fondé à Langogne.

Hyacinthe Serroni, venu de Rome à la suite de Mazarin, prenait possession de l'évêché de Mende, aussitôt après avoir prononcé l'oraison funèbre d'Anne d'autriche, épouse du dit cardinal de Mazarin. Mais ce prélat Italien s'ennuyait en Gévaudan, aussi après avoir rétabli ses finances fort obérées, prenait-il subrepticement le chemin de Paris où il mourait, d'ailleurs, dès son arrivée. Le poste était repris par François de Baudri de Piancourt, qui marquait son séjour par de belles tapisseries données à la cathédrale, des grilles installées au château de Chanac, une chapelle bâtie à l'Hôpital et une belle allée de peupliers qui contribuait à l'embellissement de l'avenue, vers Chaldecoste.


Pierre V Baglion de la Salle de Saillant devenait évêque, en 1677, et Gabriel Florent de Choiseul Beaupré, en 1723, précédant Tean-Armand de Castellane, qui fermait la porte de l'évêché à l'heure de la Révolution de 1789. Avant son départ de Mende, il engageait son clergé à ne pas prêter serment à la Constitution. Il partait pour Versailles et il devait se faire tuer, dans une émeute, à l'Orangerie. Nogaret prenait sa suite et devenait le premier évêque ayant prêté serment à la Constitution.


L'étonnement naît de la cadence des successions, au siège épiscopal de Mende, de cette cohue de grands noms de l'armorial de France, défilant sans interruption, dans un pays déshérité et un petit évêché si peu attrayant. Leur empressement à prendre ce poste s'explique par la qualité de "comte du Gévaudan" y attaché et qui en faisait l'un des sièges les plus riches de France, procurant énormes prébendes aux titulaires. De hautes personnalités, au blason dédoré et à l'escarcelle aplatie, se disputaient l'ennuyeuse et lointaine prélature où ils ne faisaient qu'une virée, raflant le magot pour vite repartir vers des horizons plus riants.

 

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